La Fantasia ou Tbourida est une tradition trouvant ses racines dans la culture et l’histoire du Maroc. Eugène Delacroix l’a représenté en 1833 dans la peinture appelée “Fantasia”, actuellement conservée au Musée des Beaux-Arts de Bordeaux. Elle occupe une place importante dans la culture du pays en tant qu’héritage ancestral et marque d’identité. Elle se trouve souvent au cœur des fêtes marocaines et renforce, par conséquent, les liens sociaux. Cette représentation commence par l’arrivée des cavaliers alignés en formation effectuant des mouvements accordés et synchronisés avec leurs fusils.
Quelle est l'histoire de la Fantasia marocaine ?
L’origine de la Fantasia remonte à l’époque préislamique du Maroc, à savoir à la tradition équestre berbère. Elle était pratiquée pour célébrer les victoires militaires et honorer les chefs tribaux. À cette époque, déjà, on s’en servait pour marquer les grandes célébrations. Chose qui a été maintenue jusqu’à présent. Mis à part cela, la Fantasia est également en rapport avec l’introduction du cheval barbe.
La Fantasia a une riche histoire, remontant à des siècles en arrière.
La tradition trouve ses origines en Afrique du Nord, dans les pratiques des tribus berbères du Maghreb avant le VIIe siècle ou l’arrivée de l’Islam. Durant cette période, les Berbères se servaient du cheval comme une arme stratégique, un moyen de transport et effectuaient avec lui des démonstrations pour célébrer leurs victoires et les événements spéciaux.
La pratique n’a pas perdu sa place avec l’arrivée de l’Islam. Sous l’influence militaire arabe, les pratiques ont donc évolué. La fusion de la culture arabe et berbère a ainsi permis à cet art de s’enrichir. À partir du VIIe siècle, les pratiques incluaient de plus des stratégies de guerre comme les tirs simultanés avec fusils et la charge collective.
La Fantasia au Maroc s’est de plus en plus développée au fil des années et notamment pendant les dynasties marocaines. Elle a été codifiée et plus organisée durant les dynasties almoravides et almohades du XIe au XIIIe siècle et n’a pas été délaissée durant les temps des sultans mérinides et saadiens du XIIIe au XVIIe siècle. Ces traditions servaient, d’une part, à démontrer la richesse culturelle et la puissance militaire et intégraient, d’autre part, les fêtes religieuses et les célébrations royales.
Quand voir une Fantasia au Maroc ?
Les grands événements marocains mettent en avant cette tradition. Il est possible de la voir dans le cadre de la quasi-totalité des festivals et des célébrations locales. Elle est également organisée par des familles à titre privé, notamment pour les mariages, les fêtes religieuses, les anniversaires, les circoncisions…
Les Fantasias sont généralement organisés lors de grandes fêtes et de célébrations.
Ces traditions, résultant de la fusion de la culture arabe et des pratiques des Berbères du Maghreb, se retrouvent constamment au centre des grandes fêtes et des célébrations marocaines. C’est notamment le cas du mariage dans les régions rurales et traditionnelles du pays, des fêtes religieuses et communautaires comme l’Aïd al-Adha, les Moussems locaux, les anniversaires marquants, les célébrations de réussite, etc.
Certaines occasions spécifiques permettent également d’assister à ce spectacle typique du Maroc :
- Le festival des arts populaires de Marrakech : célèbre la pratique en soi, la danse et la musique.
- La fête du Trône : célèbre l’anniversaire de l’intronisation du roi du Maroc.
- Les festivals régionaux : spécifiques aux villes et villages du pays qui organisent des fêtes et célébrations en incluant ces pratiques équestres.
Comment se déroule une Fantasia au Maroc ?
Les cavaliers adoptent une formation précise incluant différents groupes appelés « serba », dont chacun est dirigé par un chef. Lesdits cavaliers exécutent des charges en toute vitesse, tout en restant synchronisés et précis dans leurs gestes. Ils galopent et tirent en l’air en unisson.
Une Fantasia est un spectacle équestre qui implique des cavaliers et leurs chevaux.
Les cavaliers et leurs chevaux sont des éléments clé du spectacle de Fantasia Maroc. Chaque cavalier sur son cheval porte un costume traditionnel marocain décoré. Ensemble, ils forment une ligne. Le cheval, quant à lui, apporte le côté spectaculaire à la pratique. Les chevaux de race berbère ou arabe sont spécialement sélectionnés pour une telle représentation.
Qu’elle soit réalisée à Marrakech ou ailleurs, la démonstration commence toujours par un défilé durant lequel les cavaliers se mettent en ligne et défilent avec une musique traditionnelle. Le moment le plus intéressant, autrement dit le cœur de la pratique, s’avère être la charge ou Tbourida. Durant ce moment, les cavaliers tirent en l’air au galop avec leurs fusils à poudre noire. Les démonstrations se font toujours à l’unisson et en ligne.
Quels sont les impacts culturels et sociaux de la Fantasia au Maroc ?
La pratique continue de cette tradition, incluant une démonstration en ligne des cavaliers et de chaque cheval de race berbère ou arabe, préserve la tradition marocaine perpétuée depuis des siècles. Cela exprime l’identité culturelle et renforce le patrimoine artistique du pays. Du point de vue social, ces spectacles sont bénéfiques pour la cohésion et la fierté locale. La particularité de cette tradition en fait également une attraction touristique imprenable, notamment à Marrakech.
La Fantasia joue un rôle crucial dans la préservation et la promotion de la culture marocaine.
Le spectacle perpétue effectivement des traditions pratiquées depuis des siècles. Elle préserve et transmet les compétences équestres et militaires issues de la fusion de la culture berbère et arabe. En plus, cette démonstration symbolise le courage, la discipline et l’honneur ancrés dans la culture du pays.
Les diverses démonstrations pratiquées occasionnellement mettent en valeur cet art marocain. Elles renforcent l’identité culturelle et mettent en avant plusieurs fiertés du pays :
- Costumes traditionnels
- Techniques de dressage de cheval
- Savoir-faire en équitation
- Musiques et poésie
La Fantasia est une tradition équestre transmise depuis des siècles et représentative de la culture marocaine. Il s’agit d’une présentation consistant, pour les cavaliers, à se mettre en ligne, à former des groupes et à effectuer des charges ou des tirs en l’air en toute vitesse sur leurs chevaux marocains. Elle est surtout pratiquée lors des fêtes et des célébrations à Marrakech et dans d'autres villes du pays. Cela reflète son importance pour la culture et la société marocaine.